022 - les mères se ruinent Les mères se ruinent, non pas parce qu’elles cherchent à se ruiner, mais parce qu’elles ne comprennent pas les limites de leur responsabilité, les limites de leur devoir envers leurs enfants. Les mères se ruinent parce qu’elles ont peur de faire des erreurs. Parce qu’elles ont peur de ne pas donner assez. Parce qu’elles ont peur de ne pas réussir ce qu’elles ont entrepris. Elles se ruinent parce qu’elles doutent de leur jugement. D’un jugement qui pourrait leur apparaître comme étant issu d’une erreur. Comment une mère peut-elle, si elle se ruine, effectuer dans son milieu, dans sa famille, un travail équilibré, un travail d’amour réel, un travail sain, à la fois pour elle-même et pour ses enfants ? Combien de fois faut-il répéter que l’Homme est tellement conditionné par des forces, par des opinions extérieures à lui-même, qu’il n’a plus la capacité d’agir selon des principes qui lui sont personnels, qui lui sont vitaux, et qui reflètent ce qu’il doit faire, ce qu’il doit manifester dans son entretien avec les autres. Les mères, la femme, l’être émotif de la société, se reproche facilement tout ce qu’elle fait, parce qu’elle n’est pas capable de voir avec précision la perfection, ou l’imperfection de ce qu’elle fait. Parce que, justement, elle a perdu toute forme de centricité, elle a perdu la pointe aiguisée de l’intuition qui dirige l’action. Elle a perdu foi dans son jugement personnel. C’est une situation grave, c’est une situation maladive, c’est une situation épuisante pour des milliers et des milliers de mères. Les mères ont perdu foi dans leur jugement, car elles n’ont plus le pouvoir de réaliser par elles-mêmes si elles doivent, dans un cas ou dans un autre, appliquer la fermeté, la douceur ou la tolérance. Comment peut-on élever un ou des enfants, différents des autres enfants, dans un cadre de régimentation pédagogique, universalisé à l’échelle d’une nation ou d’une civilisation ? Chaque être est différent et une mère est l’être le plus près de ses enfants. Et c’est d’elle, d’elle-même, que doit surgir l’intelligence créative et dirigeante de son activité. C’est d’elle-même et non des autres. Mais elle a été insécurisée dans son jugement par les opinions extérieures, de sorte qu’aujourd’hui, à cause des reproches extérieurs, elle n’a plus sur elle-même le contrôle de son jugement. Et perdant petit à petit, au cours des années, cette faculté sensible, on la retrouve plus tard à cheval sur des principes, qui ne sont plus issus du jeu intérieur et vital entre son intelligence et son intuition, mais plutôt fondés sur des mécanismes dépersonnalisés, extérieurs à elle-même, qui n’ont pas la puissance et le pouvoir d’engendrer dans sa famille les liens nécessaires à développer entre elle et ses enfants l’harmonie et l’équilibre dont ils ont tous besoin, afin de grandir ensemble dans la vie, à différentes échelles de maturité. Les mères se voient constamment repoussées, constamment endolories par des opinions extérieures, de sorte que, avec les années, la fondation de leur jugement s’écroule et ces êtres deviennent en proie à une anxiété de plus en plus grandissante. De sorte que lorsque les enfants sont arrivés à un certain âge, les mères se sentent enfin soulagées parce qu’elles ont passé quinze ans, seize ans, dix-sept ans à souffrir des conditions dont elles avaient perdu le contrôle. Mais à qui la faute ? À la société ? Non. À ceux qui opinent envers et contre elles ? Non. La faute repose sur les épaules de ces mères qui aiment, qui désirent ardemment aider à l’évolution vers la maturité de leurs enfants, mais qui n’ont plus le pouvoir de réaliser que la faute est en elles. Et lorsqu’un être ne peut plus réaliser que la faute est en lui, il cherchera par tous les moyens fautifs d’égaliser la tâche entre lui-même et ceux envers qui elle est dédiée. De sorte que des mères blâmeront les enfants, des mères écorcheront des enfants, des mères pleureront sur elles-mêmes, des mères seront troublées, des mères souffriront, parce qu’elles n’auront pas réalisé que la faute originale du problème de l’éducation était avec elles. Non pas parce qu’elles n’aimaient pas les enfants, mais parce qu’elles les aimaient mal. Non pas parce qu’elles n’étaient pas bonnes pour les enfants, mais parce qu’elles étaient trop bonnes. Non pas parce qu’elles ne voulaient pas donner de discipline aux enfants, mais parce qu’elles ne savaient pas ce que comporte la vraie discipline. Il est essentiel dans l’éducation des enfants que les mères prédominent dans leur jugement. Que les mères opinent en fonction de ce qu’elles sentent. Et que leur liberté d’opinion soit respectée à l’intérieur d’un cadre dont elles connaissent les limites. Les mères doivent connaître, reconnaître et savoir ce qu’elles sentent. Être sûres de ce qu’elles sentent et ne pas laisser exposer leur sensibilité aux éléments extérieurs qui créent en elles le doute, changent leur esprit, altère leur motivation et leur enlèvent le pouvoir d’agir créativement dans le champ essentiel de l’éducation. Les mères doivent connaître leurs enfants, au moins autant qu’elles se connaissent elles-mêmes. Mais si elles ne se connaissent pas, si elles ne se savent pas, et si elles craignent les opinions des autres, comment voulez-vous que ces mêmes mères, ces mères aimantes, dévouées, souvent nostalgiques, grandissent avec leurs enfants et s’épanouissent en même temps que leurs enfants ? C’est presque une tâche impossible. Le problème de l’émotivité de la femme, de la femme-mère, est un problème très grand, très vaste et très répandu dans la société d’aujourd’hui. Car la mère d’aujourd’hui doit non seulement se fier à ce qu’elle ressent, mais elle doit aussi faire face à une forme très variée d’études pédagogiques, philosophiques, qui ont été faites sur les enfants, pour le bénéfice des enfants. Et souvent ces formes ne s’appliquent pas à leurs enfants, car leurs enfants sont, dans leur opinion, différents. Ils ne sont pas comme les autres et elles le savent très bien. Mais elles sont forcées de réunir en elles-mêmes des conditions d’expériences provenant de l’extérieur et souvent les comparer avec leurs propres résultats qui ne sont pas toujours ce qu’elles auraient voulu. Les mères se ruinent car elles n’ont pas suffisamment de discernement pour s’instruire d’elles-mêmes dans leur comportement vis-à-vis de leurs enfants. Elles n’ont pas suffisamment de centricité pour éduquer leurs enfants selon l’intelligence vibratoire en elles. Leur support psychologique dans l’éducation est fondé sur les règles plus ou moins établies par la culture à laquelle elles appartiennent. Selon que ces règles sont bien appliquées, elles sentent ou elles ont l’impression d’avoir fait leur devoir. Elles ne reconnaissent pas que tous les enfants sont des individus et que les règles générales ne peuvent s’appliquer à des cas individuels. Leurs efforts pour l’éducation de leurs enfants s’enveloppent de sentiments socio-moralistes, qui ne déterminent en aucune façon les lois de rapport entre un parent et un enfant. Un enfant ne doit pas étouffer la mère, car la mère aussi a droit de vie. Mais si la mère ne réalise pas qu’elle aussi a droit de vivre, elle permettra que l’enfant l’étouffe, et son sens de responsabilité envers l’enfant deviendra de plus en plus empreint d’une impression qu’elle n’en fait jamais assez pour l’enfant, ou qu’elle a tout fait pour l’enfant, et que ce dernier n’est pas à la hauteur de la situation. La faute n’est pas avec l’enfant, mais avec la mère qui se culpabilisera d’avoir probablement failli dans sa tâche d’éducatrice. Et pourtant, ce n’est pas qu’elle a failli, mais qu’elle n’a pas su comment s’y prendre, elle n’a pas su quand retirer son épingle du jeu, et l’enfant en a pris l’avantage sans qu’elle ne s’en rende compte, avant qu’il ne soit trop tard. L’ego est vampirique de nature, il prend tout ce qu’il peut. Et un enfant peut très bien vider sa mère, l’épuiser totalement, si elle n’a pas le discernement entre ses sentiments légitimes et ses faux sentiments. Les mères, tant qu’elles n’ont pas développé suffisamment de force intérieure, ont beaucoup de difficulté à séparer l’action de l’éducation, des sentiments de l’éducation. Et c’est ici qu’elles entreprennent des tâches qui les mènent souvent à la limite de leur force physique et morale. Tant qu’elles n’ont pas réussi à voir leurs actions éducatives dans un cadre de responsabilité, justement appuyées sur un discernement à l’épreuve de toute sentimentalité plus ou moins reliée à un émotif et à une mentalité égocentrique, elles n’ont rien compris de l’éducation. La tâche de l’éducation qui incombe à une mère ne doit pas la priver de vivre une vie en fonction de sa personnalité. Si tel en est le cas, et le cas se chiffre dans les millions, la mère n’est plus un être centrique, mais un être dénudé de centricité. Un tel être subit la vie pendant de longues périodes de temps et se retrouve un jour vidé, souffrant de ne pas avoir vécu pendant toute la durée de l’éducation, et se retrouvant maintenant vieilli et affaibli par l’âge, obligé de se nourrir de temps à autre des petits plaisirs que les grands enfants veulent bien lui offrir, dont le plus évident : la garde des petits-enfants. La vie de la mère, la vie créative de la mère dégénère de plus en plus, et un jour elle ne se voit que dans le rôle de la grand-mère. Rôle subalterne et abusif dont elle doit se complaire car elle n’a plus d’autre affaire dans sa vie, ayant déjà tout épuisé son potentiel à l’éducation sentimentale et emprisonnante, et à la garde des bébés des enfants qui, eux, ont le plaisir de vivre à sa place. Tant que les mères n’apprendront pas à vivre leur rôle de mère et de femme et d’être humain à la fois, elles demeureront des images fixées au mur de la vie. Leur visage se ternira et elles vieilliront plus, et plus tôt qu’elles n’auraient dû, car elles n’auront pas compris que l’Homme est sur la Terre pour vivre, et non pour subir les instances de la vie. La centricité est très importante pour la mère, car c’est le seul point de référence qu’elle peut se donner, afin de vivre une vie hors d’atteinte des fausses conceptions qui abondent sur le plan de l’éducation familiale et de la responsabilité familiale de la mère. La mère n’est pas une bête de somme remplie d’amour. La mère est un être intégral qui manque de discernement lorsqu’il s’agit pour elle de vivre sa vie. Parce que son éducation a empoisonné son esprit et que le rôle social qu’on veut bien lui donner, ou qu’elle veut bien se donner, est en conformité avec son insécurité en tant qu’être humain. Voilà pourquoi les femmes se révoltent de plus en plus, ne comprenant pas que ce n’est pas le foyer qui est la source de leur angoisse, mais leur ignorance des lois de l’esprit en elles qui doivent dicter à l’Homme la juste mesure des choses. Les mères se ruinent car elles ne savent pas. Elles se ruinent car elles ont peur de ne pas être à la hauteur des événements dans la vie de leurs enfants. Elles se ruinent car elles ne réalisent pas que leurs enfants ont aussi leur vie et leurs expériences à vivre, et que rien ne se perd et rien ne se crée dans la vie. L’angoisse de la mère lui enlève le calme intérieur dont elle a besoin pour se bien voir dans le miroir de sa propre expression. Tant que la tâche de l’éducation et de la garde des enfants ne sera pas bien comprise de l’intérieur, cette angoisse grandira au fur et à mesure que les problèmes grandiront. Et elle ne saura jamais s’en débarrasser, car ses émotions auront tissé une toile si épaisse devant ses yeux maternels qu’elle devra demeurer « la madre dolorosa », alors que le mari poursuivra dans le monde ses plaisirs qu’il saura, lui, absolument justifier. La mère est un être dont la nature est de donner. Mais donner a aussi ses limites et les mères ne connaissent pas les limites du don de soi. C’est pourquoi elles souffrent le plus dans les conflits familiaux. Leur psychologie est tellement rattachée au sens de la responsabilité, qu’elles ont de la difficulté à comprendre qu’elles ont droit, aussi, de vivre comme leur mari. Elles ont le droit de participer à la vie d’une façon créative et plaisante, hors de toute atteinte à leur joie de vivre. Mais le sentiment est si fort chez elles, qu’elles ont de la peine à se nourrir d’elles-mêmes, devant toujours se nourrir de leurs enfants ou des rapports qu’elles ont avec leurs enfants. Évidemment, il est bon que les mères entretiennent des rapports étroits avec leurs enfants, la nature les a dotées des facultés leur permettant de remplir cette tâche délicate et ardue. Mais la nature ne les a pas empêchées de vivre, et ne les a pas incarcérées dans une vie de sentimentalité éducative ou familiale. Cet esclavage, ce sont les mères qui le maintiennent et ce sont elles qui souvent se refusent de regarder les choses telles qu’elles sont. Tant que les mères ne suivront pas de très près leur volonté intérieure qui leur dicte souvent quel chemin entreprendre pour vivre une vie plus plaisante et plus rémunérative, elles se verront obligées de ramasser les miettes de vie qui tombent de la table dépersonnalisante de leur activité éducative. Ce ne sont pas toujours les maris qui sont dans le tort, bien que les maris n’aident pas toujours les mères à vivre telles qu’elles auraient vécu si les enfants n’étaient pas apparus sur la scène familiale. Mais ce sont les mères qui poursuivent sans relâche des rêves cachés et profonds dont elles ne comprennent même pas la signification. Si un enfant ne répond pas à l’effort sincère d’une mère, ce dernier doit être traité comme un non-répondant, et la mère doit prendre une position nouvelle et dégageante envers cet enfant. De là à permettre cet enfant de lui enlever les dernières forces qu’il lui reste, c’est une abomination puisque l’enfant est égoïste et encore en état de développement qui doit un jour aboutir sur son propre champ d’expérience. La mère ne doit pas toujours convenir qu’elle est responsable de l’enfant puisque l’enfant, aussi, à un certain âge, doit manifester un peu de responsabilité envers sa mère et ses parents en général. Un enfant qui ne se manifeste pas ainsi, à un certain âge, manque de maturité. Et son caractère ne doit plus influer sur la vie des parents qui se sont dévoués sincèrement pendant de longues années. Là où il y a sincérité, il doit y avoir du respect et un amour en retour, sinon la relation mère-enfant, père-enfant est simplement une relation de travail éducatif. Et là où il n’y a que du travail, on ne doit pas s’attendre à trop de rémunération. Le retour qu’elle doit vivre de la part de ses enfants doit se manifester dans l’affection de ses enfants pour elle. Et si cette affection est absente, il est évident que la mère doit se réorienter et trouver dans une autre voie personnelle sa rémunération. Trop de gens s’imaginent que la mère est vouée à ses enfants jusqu’à l’âge fixé par la société. Ceci est vrai, sur le plan social, mais ce n’est pas nécessairement vrai sur le plan des rapports intimes entre la mère et l’enfant. Personne ne peut dicter à la mère la nature de son rapport avec l’enfant. Seule elle doit être capable de bien le voir, de bien le comprendre, de bien le mesurer, afin que sa vie soit bien vécue et que la vie de l’enfant concorde avec la sienne. La vie d’une mère est une vie presque fermée tant qu’elle n’a pas compris les lois de son propre esprit. C’est une vie de dévouement, car elle n’a pas réalisé que même dans le dévouement, il peut y avoir une faiblesse de l’esprit emprisonné par une mauvaise compréhension de ce qu’est le dévouement. Le dévouement de la mère doit chercher à imprégner chez l’enfant une marque d’affection et d’amour, sans pour autant lui arracher ce dont elle a le plus besoin pour vivre sa vie, c’est-à-dire sa vraie personnalité. Mais il est facile à une mère de perdre sa vraie personnalité, car son amour aveugle et trop souvent sentimental lui ferme les yeux sur le droit qu’elle a de mettre un terme à ce qui peut lui nuire sur ce plan. Il est plus facile au père de maintenir sa personnalité face à l’enfant, car il est, lui, conditionné à ne pas subir une trop forte atteinte à sa personnalité. Le travail extérieur lui apprend sans qu’il ne s’en rende compte, qu’il vaut mieux pour lui, très souvent, être éloigné de la maison afin de ne pas être étouffé par ce qui se passe à l’intérieur. Mais regardons la situation de la mère. N’a-t-elle pas le droit, elle aussi, de vivre sa personnalité ? N’a-t-elle pas le droit, elle aussi, de dire « non » aux exigences un peu trop égoïstes des enfants qui souffrent de cet état d’esprit ? Mais que fait-elle si on la confronte avec cette question ? Elle se camoufle derrière le paravent du sentiment maternel. Elle se cache derrière le dernier des alibis, celui qui lui vient à la bouche le premier : « Mais qui s’occupera des enfants ? ». Et bien madame, demandez-le à votre mari pour une fois, ou demandez-le à la bonne, ou demandez-le à la gardienne, ou demandez-le à la belle-mère. Demandez-le une fois pour toutes, et vous aurez une réponse. Alors vous commencerez à comprendre quelque chose. Et de là, vous pourrez aller chez Eaton vous acheter une petite robe dont vous rêvez depuis si longtemps. Votre mari alors vous verra dans une peau neuve et la prochaine fois, c’est peut-être lui, si c’est un vrai mari, qui vous invitera chez Eaton. Les mères sont bêtes de bonté, et elles se plaignent en plus de cela. Que voulez-vous y faire ? Il n’y a rien à faire, tant qu’elles n’auront pas compris que si elles sont esclaves, c’est qu’elles n’ont pas de discernement et de volonté qui vient avec le discernement. La fonction de la mère dans la famille doit être équilibrée avec celle du père. C’est-à-dire qu’elle doit participer de façon égale à la joie de vivre de la famille. Si elle ne réussit pas à participer de façon égale à cette joie de vivre, c’est qu’il y a quelque part un déséquilibre. Et comme nous parlons ici de la mère, il s’agit dans son cas de regarder les faits saillants de sa vie et de bien vérifier si son débit d’activité est supérieur à son crédit. Si tel en est le cas, il est important que la mère se resitue en relation avec elle-même, et qu’elle apprenne à vivre en regardant de façon froide ce qui l’a amené à vivre une vie aride et sans plaisir réel. Une mère ne doit jamais s’imaginer que la famille ne peut rien sans elle. Un père peut très bien faire la cuisine de temps à autre, et un enfant peut très bien être mis à la garde sans que sa vie entière en soit affectée. Mais il y a des mères qui sont plus poules que mères et qui passent leur vie à picoter sur la tête de leurs enfants, croyant ainsi leur faire une faveur. Ces sortes de mères sont souvent indomptables, et ce n’est que la vie qui puisse leur donner une leçon suffisamment salée pour qu’elles se détachent de certaines habitudes. Une mère qui ne sait pas se donner des limites dans son action éducative et familiale devient très rapidement une source de plaintes dans la famille. Non pas qu’elle n’ait pas raison, mais sa raison découle d’un nombre incroyable d’actions posées par le passé qui ont fait d’elle un être incapable de se motiver au-delà des frontières de la maison. Or une telle situation fait d’elle une femme sans expérience qui devient facilement fade aux yeux de son mari et de ceux qui l’entourent. Les hommes ne sont pas des dieux, ils ne voient pas les choses avec la sagesse des dieux. Souvent il faut les aider et les mères n’aident pas toujours leur mari, car elles sont toujours et constamment infirmées par des sentiments qui les empêchent de vivre une vie qui pourrait les rapprocher de leur mari. Lorsqu’un homme revient du travail, il aime bien que sa femme soit présente. Mais il y a des mères qui ne sont jamais présentes en esprit. Autrement dit, il y a des mères constipées, tellement constipées que seule une diarrhée de sentiments mal placés peut sauver leur peau et rajeunir leur esprit. La mère de famille doit se réaliser et ceci veut dire se voir dans le miroir de la vie, et non dans le miroir de son imagination. Le discernement est une faculté dont tous les Hommes ont besoin, et la mère en a besoin par surcroît, car c’est elle qui est susceptible d’en être la plus défaillante, vu sa position socio-familiale et le rôle qu’on a bien voulu lui imposer et qu’elle a accepté sans trop savoir et comprendre. La femme d’aujourd’hui s’éveille, mais elle s’éveille sur le mauvais côté du lit. Ce n’est pas en s’imaginant que le monde extérieur lui manque, qu’elle découvrira ce qui lui manque à l’intérieur. C’est en se prenant en main qu’elle verra les points marquants qui l’ont amenée à l’esclavage. Qu’elle prenne quelques pieds de recul et qu’elle admette ses mauvaises habitudes avec la vision claire et nette, et la volonté de leur mettre un terme. Sinon, elle sera vouée à l’échec intérieur. Et un tel échec ne pardonne pas, car il dépolit l’œil et rend le regard de la femme terne comme nous en trouvons dans les vieux pays. Il y a dans chaque femme un être qui cherche l’universalité. Et cet être caché, enfoui, doit un jour montrer la tête, et c’est ce jour qui sera pénible pour la femme qui aura voulu nier son existence. On dit souvent « qu’on ne manque pas de ce que l’on ne connaît pas ». Et bien si ce dicton est si juste, pourquoi tant de femmes envient-elles celles qui ont réussi à vivre un peu leur vie ? La réponse est très claire et nette. Aucune mère ne désire son rôle d’esclave, mais nombreuses sont celles qui n’ont pas le courage de ce qu’elles sentent en-dedans d’elles-mêmes. Nombreuses sont celles qui n’ont pas la volonté d’exercer ce qu’elles savent qui doit être exercé. Autrement dit, les femmes dans les mères sont pour elles les sorcières qui ne doivent pas sortir de leur trou noir, car si elles sortaient, les mères craindraient tellement cette vision étrange d’elles-mêmes, qu’elles ont oubliée depuis leur tendre jeunesse, que la seule pensée les en effraie. Et ce qui est le plus surprenant, c’est que les maris seraient les premiers à réaliser que leurs femmes, enfin, sont sorties du tombeau de la maternité malade et imaginaire. La sorcière, la femme, doit sortir du ventre de la mère, afin que cette dernière revive et repense sa vie à l’intérieur d’une nouvelle vision d’elle-même dont elle ne se croyait pas capable. Remarquez que je parle ici des mères qui souffrent de leur condition, et non des mères qui ont compris que la femme doit être femme, et que la mère doit être mère, et que les deux doivent être réunies. Ces mères sont rares mais leur nombre grandira, car la femme de demain ouvrira largement son esprit afin d’y faire pénétrer une fraîcheur. Et de cette fraîcheur les enfants bénéficieront car ils grandiront non étouffés par la chaude couche de la maternelle. Lorsque les mères auront vécu en-dehors de leurs illusions provenant d’un manque de discernement, elles pourront alléger leur esprit et prendre part à la vie qui leur aura coulé sous les yeux. Elles verront alors que les sentiments profonds et puissants qu’elles nourrissaient auparavant provenaient de leur incapacité émotionnelle et de leur manque de discernement et de jugement personnel. Elles verront qu’elles doivent juger par elles-mêmes, d’elles-mêmes, la vie, et non se la faire imposer par d’autres. C’est à partir de ce moment-là que les mères comprendront bien leur rôle de mère et que ce rôle sera pour elles une fonction bien régie par les lois de leur esprit avec lequel elles vivront en harmonie totale. On dira alors que la mère est grande, car elle sait ce qu’elle fait et comprend ce qu’elle a entrepris. Ce sera alors que nous pourrons parler de la sagesse de la mère, comme nous parlons aujourd’hui de l’entreprise du père. C’est ainsi que se terminera le drame séculaire de la mère qui souffre pour ses enfants, car elle a entrepris de vivre une vie dont elle ne connaît pas les lois, car son esprit est mort, son esprit n’a plus la vitalité dont il a besoin, pour conquérir les formes énormes de la sentimentalité qui s’entassent dans le cœur meurtri d’une « madre dolorosa ». La mère doit se rajeunir, elle doit reprendre ce qu’elle a perdu par sa faute, et nulle autre qu’elle-même peut revenir à la vie dont elle a tant besoin, si elle désire vivre comme un être digne à ses propres yeux et comblée dans la vision véritable et juste de son mari, s’il en est le cas.